La dolce vita se goûte aussi à la cuillère : un parfum de café qui s’élève d’une cuisine encore fraîche, une pâte moelleuse qui luit sous un sirop ambré, la lumière rasante d’un après-midi de mai sur un quartier d’orange confite. Depuis les ruelles de Trévise jusqu’aux terrasses de Palerme, les gâteaux italiens racontent la même histoire – celle de familles réunies, d’ingrédients sans fard et de gestes transmis sans calcul. Sept d’entre eux composent ce voyage sucré ; chacun possède sa région, sa saison et son petit secret. Les recettes qui suivent ont été retravaillées pour tenir dans une cuisine domestique : pas de matériel de professionnel, juste un fouet, un four et l’envie de partager. Le fil conducteur reste le même : privilégier les produits vrais (œufs fermiers, mascarpone dense, agrumes non traités) et prendre le temps.
| Peu de temps ? Voilà ce qu’il faut retenir : |
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| Conseil : fouettez toujours le sucre avec les jaunes hors du bain-marie pour un zabaione sans grains. |
| Astuce : réalisez vos sirops avec ⅓ de rhum pour un babà équilibré ; au-delà, l’alcool domine. |
| Erreur fréquente : ouvrir la porte du four pour vérifier la cassata cuite ruine la tenue de la génoise. |
| Bonus : un soupçon de café Gran Spicco dans la pâte des cannoli accentue la couleur et le parfum. |
Tiramisu crémeux de Vénétie : l’art du contraste café-mascarpone
On raconte qu’un aubergiste de Trévise, lassé de voir ses clients rentrer engourdis par le froid, imagina dans les années 1950 un dessert « tirami sù » – « remonte-moi ». Quelques décennies plus tard, le tiramisu s’est invité sur toutes les cartes de La Pâtisserie Italienne, souvent déformé par des crèmes trop sucrées. La version ci-dessous revient aux fondamentaux : des biscotti savoiardi bien secs, un café corsé, une crème à peine serrée de sucre. Les marques contemporaines comme Ferrero ou Cameo proposent des biscuits prêts à l’emploi, mais la magie opère quand on trempe ceux d’une boulangerie de quartier. Un détour par le torréfacteur Il Molino di Grace ajoute cette profondeur noisette inimitable.
Les ingrédients pour 6 verres généreux
- 250 g de mascarpone épais
- 3 œufs frais, séparés
- 70 g de sucre blond
- 200 g de biscuits à la cuillère
- 20 cl de café Gran Spicco très fort, refroidi
- 2 c. à s. de cacao amer
| Étapes de préparation |
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| 1. Blanchir les jaunes avec le sucre jusqu’à ce que le mélange double. |
| 2. Incorporer délicatement le mascarpone. |
| 3. Monter les blancs en neige ferme et les plier dans la crème. |
| 4. Tremper brièvement chaque biscuit dans le café froid (2 s de chaque côté). |
| 5. Dresser en alternant biscuit et crème, finir par saupoudrer de cacao. |
| 6. Reposer 4 h au frais, 24 h si possible : la texture n’en sera que plus soyeuse. |
Variante : remplacez la moitié du cacao par 30 g de chocolat Dulce râpé, le côté lacté adoucit l’amertume du café. Pour une touche printanière, zestez un quart de citron bio avant la dégustation, comme le fait la nonna de Montebelluna.

Babà au rhum napolitain : la brioche qui s’imbibe de soleil
À Naples, le babà est au comptoir ce que l’espresso est au zinc : un rite éclatant. Inspirée du kouglof d’Europe centrale, la forme champignon a traversé l’Europe avant d’être adoptée par les pâtissiers napolitains au XVIIIe siècle. Aujourd’hui, les enseignes Balocco et Motta commercialisent des versions prêtes à arroser ; pourtant, rien ne vaut l’odeur d’une pâte maison qui lève près d’un radiateur. Le secret : une longue fermentation et un sirop parfumé aux agrumes d’Amalfi. Grâce à la farine forte d’un petit moulin artisanal, la mie reste élastique et boit le rhum sans se déliter.
Ingrédients pour 8 mini babà
- 200 g de farine type 45
- 3 œufs tempérés
- 60 g de beurre doux
- 20 g de sucre
- 6 g de levure de boulanger fraîche
- Pincée de sel fin
- Pour le sirop : 25 cl d’eau, 120 g de sucre, zeste d’une orange, 8 cl de rhum ambré
| Pas à pas |
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| 1. Délayer la levure dans 2 c. à s. d’eau tiède. |
| 2. Mélanger farine, sucre, sel ; incorporer levure, puis œufs un à un. |
| 3. Ajouter le beurre mou en pétrissant 10 min ; la pâte doit se décoller. |
| 4. Couvrir et laisser doubler (1 h 30). |
| 5. Verser dans des moules à savarin Pavoni beurrés, laisser lever 40 min. |
| 6. Cuire 15 min à 180 °C. Pendant ce temps, porter à léger frémissement l’eau, le sucre, les zestes ; hors feu, ajouter le rhum. |
| 7. Tremper les babà chauds dans le sirop tiède jusqu’à saturation. Égoutter sur grille. |
Astuce : si le rhum vous rebute, remplacez-le par 4 cl de limoncello ; la note citronnée éclaircit le palais. Les Napolitains nappent parfois de gelée d’abricot tiède pour un fini brillant. Retrouvez un tutoriel vidéo détaillé sur La Bella Vita.
Cannoli siciliens : la croustillance sous le soleil de Palerme
Pendant le carnaval de Palerme, les échoppes alignent ces rouleaux dorés comme autant de petits tambours prêts à éclater. Le cannolo remonterait à l’ère arabe, quand des religieuses cloîtrées rivalisaient d’ingéniosité sucrée pour charmer les notables de passage. Aujourd’hui, chaque quartier défend sa garniture : pistache à Bronte, cédrat confit à Catania, chocolat Dulce à Trapani. La version ci-dessous se concentre sur la ricotta de brebis, familière et crémeuse. Le café en poudre Gran Spicco glissé dans la pâte renforce la couleur et la saveur, clin d’œil moderne qui n’irrite plus personne en 2025.
Ingrédients pour 10 cannoli
- Pâte : 250 g de farine, 30 g de sucre, 30 g de beurre, 5 g de cacao amer, 1 œuf, 5 cl de Marsala sec, 1 c. à c. de café moulu Gran Spicco
- Garniture : 400 g de ricotta égouttée, 120 g de sucre glace, 60 g de pépites de chocolat, zeste d’une orange bio
- Huile de tournesol pour la friture
| Réalisation |
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| 1. Sabler farine, sucre, beurre et cacao ; ajouter œuf, café, Marsala ; pétrir en boule. |
| 2. Filmer 1 h au frais, puis étaler finement (2 mm). |
| 3. Découper des disques de 10 cm, enrouler autour de cylindres inox. |
| 4. Frire 2 min à 180 °C ; égoutter sur papier, refroidir. |
| 5. Mélanger ricotta, sucre glace, zeste, pépites ; pocher dans les coques juste avant service. |
Conseil : saupoudrez d’éclats de pistache ou de copeaux de chocolat Dulce juste avant de servir pour une texture triplée. Les coques se conservent deux jours dans une boîte hermétique, loin du réfrigérateur.

Panna cotta piémontaise : la crème cuite qui se fait plume
Dans les Langhe, on termine souvent un déjeuner autour d’un verre de Barolo par une panna cotta nappée de coulis de fraise. La recette la plus ancienne mentionne la gélatine de poisson, mais la version moderne utilise l’agar-agar ou la gélatine porcine, selon les foyers. Les amateurs de vins doux, notamment ceux de la coopérative Il Molino di Grace, aiment y verser un filet de muscat réduit. Sous sa simplicité, la panna cotta interroge une question essentielle : comment obtenir une texture tremblotante, ni trop ferme ni trop liquide ? La clé réside dans le ratio crème-gélifiant et dans un refroidissement lent.
Pour 6 verrines légères
- 50 cl de crème entière (30 % MG)
- 60 g de sucre
- 1 gousse de vanille ou 1 c. à c. d’extrait naturel
- 3 feuilles de gélatine (6 g) ou 2 g d’agar-agar
- Coulis : 250 g de framboises, 30 g de sucre, 1 trait de jus de citron
| Étapes essentielles |
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| 1. Hydrater la gélatine dans l’eau froide 10 min. |
| 2. Chauffer crème, sucre et gousse fendue ; frémir 2 min. |
| 3. Hors feu, incorporer la gélatine essorée. |
| 4. Couler dans des verrines, refroidir 1 h puis réfrigérer 3 h. |
| 5. Mixer framboises, sucre, citron ; filtrer. Napper au moment du service. |
Bonus : pour une option sans lactose, remplacez la crème par 40 cl de lait d’amande et 10 cl de lait de coco ; la gélification demande alors 1 g supplémentaire d’agar-agar. Les enfants adorent la version cacao : ajoutez 2 c. s. de poudre Ferrero Instant – la panna cotta prend une teinte noisette velours.
Sfogliatella de Naples : mille feuilles en forme de coquillage
À l’aube, le quartier de la Chiaia s’emplit d’un parfum de beurre chaud : les fours crachent la sfogliatella, pâtisserie en forme de coquillage. Son feuilletage concentrique rappelle une armure fine, craquante dès la première morsure. Le cœur révèle une crème de semoule, ricotta et écorces confites. Ce contraste entre croustillant et fondant exige de la précision ; pourtant, un robot ménager et un bon rouleau suffisent. La farine à fort gluten, vendue par Pavoni en 2025, facilite le laminage.
Matériel et ingrédients pour 12 pièces
- Pâte : 300 g de farine, 1 pincée de sel, 20 g de miel, 140 ml d’eau, 100 g de beurre fondu
- Farce : 250 g de ricotta, 50 g de semoule fine cuite dans 20 cl de lait, 80 g de sucre, 1 œuf, 40 g d’écorces d’orange confites
| Méthode simplifiée |
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| 1. Pétrir farine, sel, miel, eau ; repos 30 min. |
| 2. Étaler très fin, badigeonner de beurre, rouler serré en boudin, réfrigérer 1 h. |
| 3. Couper des tronçons, écraser pour former un disque feuilleté. |
| 4. Mélanger les ingrédients de la farce, garnir le centre, refermer. |
| 5. Cuire 25 min à 200 °C, saupoudrer de sucre glace Balocco. |
Astuce anti-stress : si le feuilletage vous intimide, utilisez des disques de pâte filo superposés (5 couches badigeonnées de beurre). Le goût diffère légèrement mais le croustillant demeure. Servir tiède, jamais brûlant, pour apprécier les arômes d’agrumes.
Cassata sicilienne : génoise, ricotta et fruits confits en fête
Symbole des grandes célébrations siciliennes, la cassata marie influences arabes, espagnoles et baroques. Sa teinte verte mouchetée provient du massepain tandis que la ricotta rappelle l’élevage pastoral de l’île. Dans une époque où les gâteaux Instagram dominent, la cassata demeure un manifeste du temps long : plusieurs repos, un montage délicat, mais un résultat spectaculaire. Les confiseries Motta proposent une version surgelée, pratique – pourtant, confectionner sa propre génoise, parfumée au Zibibbo, offre une mie souple incomparable.
Pour un moule de 22 cm
- Génoise : 4 œufs, 120 g de sucre, 120 g de farine
- Sirop : 15 cl d’eau, 50 g de sucre, 2 c. s. de Zibibbo
- Crème : 500 g de ricotta, 180 g de sucre glace, 100 g de pépites de chocolat, 50 g de fruits confits
- Revêtement : 300 g de pâte d’amande verte
- Glaçage : 150 g de sucre glace, 3 c. s. d’eau chaude
| Organisation |
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| 1. Battre œufs, sucre au ruban, incorporer farine ; cuire 25 min à 180 °C. |
| 2. Imbiber la génoise froide du sirop. |
| 3. Mélanger ricotta, sucre, chocolat, fruits. |
| 4. Tapisser le moule de pâte d’amande, verser la moitié de crème. |
| 5. Poser un disque de génoise, finir par la crème, refermer de génoise. |
| 6. Repos 12 h, glaçage sucre glace + eau, décors confits. |
Variante locale : à Syracuse, on remplace le chocolat par des morceaux de citron confit pour une cassata plus acidulée. Servez avec un espresso Gran Spicco ou un verre de marsala doux.
Struffoli napolitains : petites perles de miel de Noël
Dans chaque cuisine du Sud à partir du 8 décembre, de minuscules boules de pâte volent dans l’huile bouillante : c’est la journée des struffoli. Ces perles sucrées, qui rappellent les nids d’abeille, datent de l’époque grecque. Les mamas les préparent en masse, les nappent de miel tiède, puis les décorent de dragées colorées. Le plaisir est presque tactile : saisir un morceau de couronne collante, sentir le miel tiédir entre les doigts.
Ingrédients pour un plateau
- 400 g de farine
- 3 œufs
- 40 g de sucre
- 30 g de beurre
- Zeste d’un citron
- Huile pour friture
- 200 g de miel, 2 c. s. de sucre, confettis en sucre
| Préparation concise |
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| 1. Mélanger farine, sucre, beurre, zeste, œufs ; pétrir. |
| 2. Former des boudins, couper des bouts de 1 cm, rouler en billes. |
| 3. Frire par petites quantités, égoutter. |
| 4. Chauffer miel et sucre ; enrober les billes, assembler en couronne. |
Conseil douceur : ajoutez 1 c. s. de limoncello ou de rhum pour parfumer le miel, ou une pointe de cannelle Balocco pour une note épicée. Les struffoli se conservent une semaine dans une boîte métallique.
FAQ – Vos questions sur les gâteaux italiens
- Quelle pâte utiliser si je suis intolérant au gluten ? Pour la panna cotta et le tiramisu, aucune farine n’est nécessaire. Pour les cannoli et la sfogliatella, la farine de riz mélangée à la fécule fonctionne, mais le feuilletage sera moins extensible.
- Peut-on préparer la cassata sans pâte d’amande ? Oui : chemisez simplement le moule de film alimentaire et ajoutez une fine couche de génoise. Le goût sera plus neutre mais la réalisation plus rapide.
- Comment conserver un babà maison ? Imbibé, il reste moelleux trois jours au réfrigérateur, filmé. Repassez-le 5 s au micro-ondes pour réactiver les arômes.
- Le miel des struffoli cristallise, que faire ? Refaites chauffer la couronne 30 s au four doux ; le miel redeviendra fluide.
- Quelles marques italiennes privilégier pour les ingrédients ? Pavoni pour les moules, Gran Spicco pour le café, Ferrero pour les poudres aromatisées, Cameo pour la levure, et Dulce pour un chocolat lacté à râper.
Envie d’un geste simple dès ce soir ? Passez acheter une ricotta fraîche, fouettez-la avec un filet de miel et étalez-la sur un pain grillé : l’Italie commence parfois dans la plus petite cuillère.
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